La religion musulmane connaît une histoire fascinante sur le continent sud-américain et plus spécifiquement au Brésil où son implantation s’est faite en trois étapes ; à savoir l’exploration, l’esclavage et l’immigration.
La première phase fut celle des explorations islamiques qui eurent lieu entre le IXe et le XIVe siècle. Des historiens américains (Leo Wiener de l’Université de Harvard, Cyrus H. Gordon de la New York University) ont établi le fait que des musulmans d’Afrique de l’Ouest se sont répandus en Amérique latine à partir du IXe siècle[1]Voir « La Découverte Islamique des Amériques ».
La seconde phase débute au XVIe siècle, quand les colons portugais se mirent à « importer » des esclaves africains au Brésil – dont environ un tiers furent musulmans – pour être exploités sur les plantations de canne à sucre. Le Brésil reçut ainsi 37 % des victimes de la traite négrière envoyées vers le Nouveau Monde, ce qui représente plus de trois millions de personnes.
À la fin du XIXe siècle – lors de la dernière étape – de nombreux musulmans s’installèrent au Brésil en tant qu’immigrés. Il s’agissait notamment de populations arabes venues du Liban, de Syrie, d’Égypte et de Palestine qui, à leur arrivée, furent considérés comme des Turcs parce qu’ils possédaient un passeport ottoman.
Aujourd’hui, l’Islam s’avère non seulement une des religions les plus anciennes du Brésil, mais il connaît à l’heure actuelle un succès grandissant.
LA POPULARITÉ CROISSANTE DE L’ISLAM
D’après le magazine « Aramco World », la plus grande concentration d’Arabes en dehors du monde musulman se trouve au Brésil qui abrite 9 millions de Brésiliens d’ascendance arabe[2]Larry Luxner, « The Arabs of Brazil » (Aramco World).. Notons qu’il y a plus de Libanais au Brésil (7 millions) qu’il n’y en a dans le pays des cèdres (4 millions). Les 4 millions de Syriens viennent en deuxième position.
La majorité des Arabes au Brésil sont chrétiens (7,5 millions) tandis que les musulmans sont une minorité avec 1,5 million de citoyens[3]Selon un sondage de la « Brazilian Islamic Federation ». Ce nombre représente néanmoins plus d’un tiers de tous les musulmans en Amérique latine (plus de 4 millions dont 700 000 vivent en Argentine).
Le Brésil, contrairement à des pays comme la France et la Belgique, est un pays tolérant qui accepte les différences culturelles inhérentes aux minorités. Les femmes musulmanes y sont libres de s’habiller comme elles l’entendent (voile, niqab, voile intégral ou semi-intégral…) et ne sont pas privées, pour autant, de l’enseignement à l’école publique.
En 2010, le nombre de musulmans au Brésil fut estimé à un peu plus de 400 000, un chiffre qui devrait quadrupler dans les sept années à venir. Cette augmentation spectaculaire n’est pas due aux immigrants arabes, mais plutôt aux grands nombres de conversions que la population brésilienne connaît. Certes, Allah Ta’âla guide qui Il veut, où Il veut.
LA PRÉSERVATION DE L’IDENTITÉ ISLAMIQUE
Le 17 septembre 2017, eut lieu à São Paulo la 30e Conférence Internationale des Musulmans sud-américains et caribéens. L’événement fut organisé par « The Center for Islamic Call in Latin America » qui mit en place une journée thématique centrée sur les moyens de « préserver l’identité islamique de la famille musulmane en Amérique latine et aux Caraïbes ».
La conférence a regroupé une série de prédicateurs et érudits musulmans qui ont présenté une feuille de route pour souligner le rôle que peuvent jouer les institutions, les écoles et les médias confessionnels dans la conservation de l’identité musulmane. Il s’agit d’une initiative importante qui est souvent négligée au sein de la communauté musulmane d’Europe.
Se pourrait-il que l’organisation des musulmans du Brésil soit aujourd’hui un exemple à suivre ?
La question se pose, puisque dans certaines régions du monde musulman, les masses sombrent dans l’ignorance et les ténèbres de la sécularité. Beaucoup perdent leur identité islamique ainsi que leur foi, et en viennent à rejeter les commandements de leur Créateur.
Mais si la lumière de l’Islam est reniée d’une partie du monde, elle jaillira d’autre part, pour éclairer les cœurs de nouveaux peuples. De nos jours, c’est à l’autre bout de l’Océan Atlantique que des hommes et femmes de pays laïcs embrassent l’Islam en grand nombre. Au Brésil, au Suriname, en Argentine ou encore au Guyana, les convertis embrassent les bienfaits de l’Islam mieux que de nombreux Arabes qui ne sont musulmans que sociologiquement parlant.
Allah se suffit à lui-même, Il se passe largement de toute création et remplace les orgueilleux par des sincères, par-delà leur race et leur couleur :
Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie sa religion… Allah va faire venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime (en retour), modeste envers les croyants, fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. Telle est la grâce d’Allah. Il la donne à qui Il veut. [4] Traduction du sens du verset 54 sourate al-Mâ’ida
En tant que musulmans, nous ne pouvons que nous réjouir de voir nos frères et sœurs brésiliens développer une conscience spirituelle qui s’annonce très prometteuse…
Références
↑1 | Voir « La Découverte Islamique des Amériques ». |
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↑2 | Larry Luxner, « The Arabs of Brazil » (Aramco World). |
↑3 | Selon un sondage de la « Brazilian Islamic Federation » |
↑4 | Traduction du sens du verset 54 sourate al-Mâ’ida |
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