Tout au long de son histoire, la France a dépensé des fortunes pour assurer sa domination culturelle sur les musulmans. Au XIIIe siècle déjà, ce « commerce de principes » développé par les non-musulmans fut abordé par Ibn Taymiyya :
« Les non-musulmans se réjouissent lorsque les musulmans se conforment à certains aspects (culturels) qui leur sont propres (c.-à-d. propres aux non-musulmans). C’est une chose qui les réjouit et qui leur procure une satisfaction pour laquelle ils seraient prêts à dépenser des fortunes. » [1]Ibn Taymiyya, « Iqtidâ al-Sirât al-Moustaqîm fi Mukhâlafati Ashâb al-Jahîm », p.24
Les premiers à bénéficier financièrement du projet d’acculturation furent les orientalistes. Après une étude séculaire de la culture musulmane, ils développèrent une stratégie qui consistait à faire recours aux collaborateurs autochtones des pays colonisés pour concrétiser une politique d’assimilation culturelle [2]C’est ici que naquissent les précurseurs de Boubakeur, Chalghoumi et Bouzar qui partagent aujourd’hui des fonctions similaires dans le régime de Valls.. Ces « collabeurs » furent l’outil par lequel les colons allaient détruire le système éducatif islamique, pervertir l’identité musulmane et amadouer les masses afin de faciliter l’exploitation des richesses du monde musulman. Ils furent grassement rémunérés pour éteindre toute forme de résistance contre l’occupation barbare.
L’expédition française en Égypte (1798-1801), démontre comment les Français, depuis leur première rencontre avec les peuples islamiques, mirent en place des structures dites musulmanes et entièrement manipulables pour contraindre les musulmans à s’acculturer. Avant même de mettre pied en terre d’Islam, les colons furent conscients que la culture occidentale fut bien trop différente de la culture islamique pour pouvoir assujettir directement les masses locales à leurs coutumes.
De nombreux orientalistes français présents en terre d’islam bien avant l’arrivée des colons [3]Selon l’historien Mahmoud Shâkir, des orientalistes français au service de l’entreprise coloniale furent déjà présents en Égypte plusieurs décennies avant l’arrivée de Napoléon qui … Continue reading, préparèrent l’invasion en étudiant méticuleusement la population locale et les structures déjà présentes. Leur rôle fut crucial dans la facilitation des invasions coloniales, car les informations recueillies par les orientalistes permirent à Napoléon de mettre en place un gouvernement local (le Divan ou « al-Diwân ») composé de plusieurs sheikhs et notables égyptiens [4]Les membres du parlement de Napoléon étaient supposés remplir des fonctions de médiation et d’administration. Selon Mahmoud Shâkir, l’accord de ces notables de participer dans le nouveau … Continue reading. L’objectif fut de placer le nouveau gouvernement dans les mains d’un groupe de personnes respectées auprès de la population locale et ainsi rendre acceptable l’occupation coloniale [5]Aujourd’hui, de manière semblable, les islamologues trompent les médias et les politiques qui, devant l’opinion publique, rendent acceptables les invasions et les massacres des armées … Continue reading, étouffer la résistance et perpétuer le contrôle et la gestion française d’Égypte [6]Mahmoud Shâkir, « Risâla Fi al-Tarîq ila Thaqâfatina », p.93. Les membres du Divan furent choisis par des orientalistes qui sélectionnaient des sheikhs égyptiens qui, selon eux, seraient de bons collaborateurs et prêts à accueillir les Français à bras ouverts [7]Ibid, p.103.
À notre époque rien n’a changé. Pour contraindre les musulmans de France à déglutir la laïcité, il fallait que l’État gère à tout prix l’institutionnalisation de l’islam. Ici, rien de mieux qu’une marionnette entièrement maniable, non pas pour exprimer la volonté des musulmans de France auprès des pouvoirs publics, mais pour faire parvenir les demandes du ministre de l’Intérieur aux musulmans.
Le général Napoléon rémunérait les membres du Divan avec de grosses sommes. Les sheikhs recevaient 14 000 paras par mois ou 400 paras par assise [8]Les membres du Divan choisirent sheikh Abdoullah al-Sharqâwi comme président. Al-Jabarti rapporte qu’une fois élu, al-Sharqâwi s’élança dans une course éperdue aux richesses., l’équivalent de ce que reçoivent aujourd’hui Dalil Boubakeur et Hassan Chalghoumi du général Valls. Une fois le Divan en place, Napoléon engageait des imams locaux, des muftis et des juges pour lire sa proclamation au peuple égyptien dans les mosquées, les écoles et les grandes assemblées.
Un jour, Bonaparte invita 60 parmi les ulémas les plus prestigieux d’al-Azhar dans son quartier général. Il leur donna des honneurs militaires, leur offrit des cadeaux, les nourrit somptueusement et leur fit des éloges dans un discours rempli de versets coraniques et paroles prophétiques [9]Une ruse semblable fut déployée par Obama dans son discours du Caire (« A New Beginning ») prononcé le 4 juin 2009 depuis l’université du Caire.. Napoléon fut convaincu d’avoir conquis leur cœur et d’avoir entre les mains un gouvernement de marionnettes facilement influençables [10]Or, les membres du Divan furent incapables d’adopter les changements sociétaux prescrits par les Français du fait que le nouveau gouvernement en Égypte fut basé sur les idéaux de la … Continue reading. La politique napoléonienne fut assez paradoxale; bien que le Divan fut instauré pour maintenir un contrôle gouvernemental « ferme et français » du pays, le général Bonaparte fut d’avis que les Français devaient enseigner le concept de « liberté » aux Égyptiens et leur inculquer les valeurs de la Révolution française.
La politique coloniale des Français qui consistait à fabriquer des élites musulmanes par un processus entièrement contrôlable fut réinstaurée en 2003 avec le CFCM, un organisme créé ex nihilo par Sarkozy et l’islamologue Bruno Étienne. Il ne fait aucun doute que le Divan de Napoléon fut la structure avant-gardiste du CFCM à la différence près que cette dernière ne contenait pas de sheikhs, notables ou personnes représentatives de la communauté musulmane.
Dans une tentative de rendre passable les lois islamophobes au sein de la communauté musulmane de France, le gouvernement a sélectionné et rémunéré généreusement des individus que les médias imposent ensuite comme porte-paroles des musulmans de France. Il s’agit souvent d’hypocrites malhabiles qui se réclament musulmans, non par foi, mais par origine ou héritage culturel. C’est à travers ces pantins délicatement manipulés que les élites incitent les musulmans de France à rejeter leur identité, leurs valeurs et, de plus en plus, les préceptes de leur religion. Au nom d’un « vivre ensemble » très ambigu, on exige des musulmans qu’ils s’assimilent à une culture paralysée et adoptent une idéologie laïque qui se veut universelle et supérieure au reste de l’humanité.
La laïcisation de la communauté musulmane en France est non seulement planifiée, mais surtout contrôlée. Avec la création du CFCM et l’institutionnalisation de l’ « islam de France », la République entama la première étape dans un projet d’acculturation postcolonial visant spécifiquement les musulmans de France, les juifs étant exempts de tout reproche.
Depuis sa création, le CFCM a toujours été une institution théâtrale sans activité qui sert simplement à empêcher toute structure sérieuse et représentative pour — et par — les musulmans. C’est en gros ce qu’a affirmé Dounia Bouzar dans sa lettre de démission au président du CFCM en 2005 : « Au bout d’un an et demi, je constate une fois de plus que les seules discussions qui vont mobiliser le CFCM jusqu’aux élections concernent les places des uns et des autres, sans qu’aucun débat de fond ne soit possible… cela fait deux ans que j’attends que l’on discute, nous n’avons jamais parlé de rien… je ne vois pas à quoi nous servons… »
Le CFCM trahit ses engagements et « un témoin de la famille de celle-ci témoigna » [11]Sourate Yûsuf, 26. Il a fallu presque deux ans pour que Dounia comprenne, mais pour une fois, elle dit vrai ; les marionnettes qu’exploite la France pour représenter l’islam, et dont Dounia fait partie, ne servent strictement à rien, si ce n’est qu’à tenter d’imposer, en tant que collabos bien rémunérés, un Islam intégralement modifié qui convient aux laïcards les plus islamophobes.
En France, des laïcs ultra-radicaux se sont permis de dicter à six millions de citoyens français la manière de pratiquer leur religion en institutionnalisant un nouvel islam qui se pratique uniquement dans le cœur et seulement lorsqu’on se trouve chez soi, de préférence avec les rideaux bien fermés. C’est ainsi que l’Élysée espère résoudre l’« obstacle islamiste » qui, à n’en pas douter, se trouve à l’origine de tous les maux de la France. « Et quand le bien-être leur vint, ils dirent : “Cela nous est dû” ; et si un mal les atteignait, ils voyaient en Moïse et ceux qui étaient avec lui un mauvais augure. En vérité, leur sort dépend uniquement d’Allah, mais la plupart d’entre eux ne savent pas. » (al-A’râf 13)
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L’acculturation des Musulma… by Kareem El Hidjaazi
Références
↑1 | Ibn Taymiyya, « Iqtidâ al-Sirât al-Moustaqîm fi Mukhâlafati Ashâb al-Jahîm », p.24 |
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↑2 | C’est ici que naquissent les précurseurs de Boubakeur, Chalghoumi et Bouzar qui partagent aujourd’hui des fonctions similaires dans le régime de Valls. |
↑3 | Selon l’historien Mahmoud Shâkir, des orientalistes français au service de l’entreprise coloniale furent déjà présents en Égypte plusieurs décennies avant l’arrivée de Napoléon qui lui, possédait sa propre équipe d’orientalistes dont Jean-Joseph Marcel. |
↑4 | Les membres du parlement de Napoléon étaient supposés remplir des fonctions de médiation et d’administration. Selon Mahmoud Shâkir, l’accord de ces notables de participer dans le nouveau gouvernement de Napoléon fut la première erreur des Égyptiens et la première victoire pour les orientalistes qui, avec cette ruse, réussirent à amadouer les Égyptiens. « Risâla Fi al-Tarîq ila Thaqâfatina », p.134 |
↑5 | Aujourd’hui, de manière semblable, les islamologues trompent les médias et les politiques qui, devant l’opinion publique, rendent acceptables les invasions et les massacres des armées occidentales dans le monde musulman. |
↑6 | Mahmoud Shâkir, « Risâla Fi al-Tarîq ila Thaqâfatina », p.93 |
↑7 | Ibid, p.103 |
↑8 | Les membres du Divan choisirent sheikh Abdoullah al-Sharqâwi comme président. Al-Jabarti rapporte qu’une fois élu, al-Sharqâwi s’élança dans une course éperdue aux richesses. |
↑9 | Une ruse semblable fut déployée par Obama dans son discours du Caire (« A New Beginning ») prononcé le 4 juin 2009 depuis l’université du Caire. |
↑10 | Or, les membres du Divan furent incapables d’adopter les changements sociétaux prescrits par les Français du fait que le nouveau gouvernement en Égypte fut basé sur les idéaux de la Révolution française. Clandestinement, les sheikhs du Divan encourageaient les Cairotes à se révolter contre les Français et l’université al-Azhar devint le QG de la rébellion égyptienne. |
↑11 | Sourate Yûsuf, 26 |
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